lundi 21 janvier 2008

La Grammaire de l'imagination


Aujourd'hui je me suis plongée dans la lecture du livre de Gianni Rodari, La Grammaire de l'imagination. Ce livre est très agréable à lire. L'auteur nous présente en effet sans aucune prétention et avec une touche d'humour qui lui est propre, ses méthodes pour développer son imagination et pour produire ses histoires.

Profitant de son expérience en tant qu'instituteur, il a pu développer des ateliers autour du mot et de l'imagination avec ses élèves. Ce livre est donc illustré par de nombreux exemples qui viennent expliciter ce que propose chaque chapitre.

Gianni Rodari développe des systèmes permettant d'aider l'enfant à l'écriture. Il propose par exemple de créer des "binômes imaginatifs", afin de créer des rencontres improbables entres différents mondes, de développer des acrostiches, d'ajouter à un mot un préfixe, réinventant ainsi de nouvelles notions...
" C'est en se trompant qu'on apprend. "
Ceci est la traduction littérale du proverbe italien qui équivaut à notre "C'est en forgeant qu'on devient forgerons. Gianni Rodari part du principe que tout élément peut être déclencheur à l'écriture d'une histoire. Ainsi, même dans les fautes d'orthographe peuvent servir de prétexte à l'écriture.

[ Cela me rappelle mon "cahier noir" en CE2. Il s'agissait de mon cahier d'expression écrite. Mon professeur, M. Andrea nous avait donné pour seule consigne d'écrire, quelle que soit la forme que cela puisse prendre. Et c'est ainsi que ce cahier fut l'objet pour moi d'une expérimentation du mot à tous les niveaux : petites rédactions, conte, poésies, bandes dessinées, mots croisés, etc. ]


Ce qui m'intéresse particulièrement dans ce livre, ce sont bien évidemment les chapitres consacrés au conte. Comme je le pressentais, c'est bien dans ce livre que Gianni Rodari propose un jeu de carte se basant sur les fonctions de Propp. Il a réalisé, avec des amis peintres, une série de 20 cartes (et non pas 31). Les cartes donnent les instructions (la structure du récit), les enfants inventent le conte.

Les fonctions de Propp ne constituent pas une contrainte au récit : au contraire, elles forment une ouverture infinie du scénario en suggérant tout un univers de possible. Ce qui est intéressant également, ce que les enfants se sont par la suite réappropriés les cartes pour réinventer de nouvelles règles, et par là même de nouvelles facons d'inventer une histoire.

Ce livre est donc une sorte de répertoire d'idées pour jouer avec les mots avec les enfants. Certaines critiques ne le trouvent pas digne d'intérêt. Mais ce livre n'a pas pour vocation de donner une grammaire exhaustive de l'imagination et son auteur s'en défend bien dès les début de son livre. Il s'agit plus de son témoignage quant à sa propre expérience, de montrer et de donner envie de jouer avec les mots pour réinventer sans cesse des histoires. Le titre du livre serait plutôt Ma grammaire de l'imagination, puisqu'il s'agit de ses propres "trucs" qui lui ont permi de développer son imagination et d'écrire ses nouvelles.

Quant à moi, ce livre est une source d'idées, de "recettes" que je vais pourvoir remettre à ma sauce pour l'atelier que je dois animer au musée Tomi Ungerer autour de l'Apprenti Sorcier. Tout comme un sorcier, l'atelier va j'espère faire opérer la magie de l'écriture à partir d'ingrédients qui restent encore à définir... à suivre !

Je termine sur cette phrase de Wittgenstein...
" Les mots sont comme la pellicule superficielle d'une eau profonde. "

2 commentaires:

lbmsx-06 a dit…

En rapport avec la création en écriture: voir sur le site de l'académie de Nice: les "écrits poétiques" dans le cadre du projet de circonscription 2007-2008. Différentes pistes d'écritures: les mots tordus (Ex Le chat-pot, le chat-soeur..,le poème avec les mots imposés commençant par la même lettre, ou les mots imposés, les allitérations, les acrostiches, le calligramme...)
Lise B

lbmsx-06 a dit…

Voir aussi les livres d'Orsena: "La grammaire est une chanson douce" et "La Révolte des accents" sur la distorsion des mots, qui ne sont pas contents du tout parce qu'en oubliant les accents,on change leur prononciation, ce qui leur enlève tout leur sens et leur" gôut" comme un plat sans épices, qui deviendrait fade.
Important aussi en grammaire : la ponctuation Exemple : la place d'une malheureuse petite virgule dans ce télégramme et dont une vie peut dépendre:
1)"Exécution, impossible pardonner. "
2)"Exécution impossible, pardonner"
Aïe, quelle distorsion de l'information!
Lise B