dimanche 30 décembre 2007

Pub pour Reporter sans frontière



Je suis tombée sur cette publicité sur le site de CulturePub.
Il s'agit d'une pub qui met en scène la retransmission télévisée du résultat des élection en Ukraine. Une journaliste en bas à gauche de l'écran traduit en langage des signes les commentaires enjoués du commentateur. A un moment, elle prend l'initiative de ne plus traduire ce qu'on lui indique et s'adresse directement au peuple sourd d'Ukraine... Jolie illustration de ce que devrait être le travail de journaliste, au-delà de toute pression politique.
Il s'agit là d'une fiction, mais la réalisation en elle-même, le cadrage, les artifices du journal télévisé laissent à penser que cette vidéo fut réellement diffusée. Ne vous laisser pas avoir par ce qu'on vous dit à la télévision...

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Message de rectification
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Il s'agirait non pas d'une fiction comme j'avais pu le croire mais bien d'un événement réel. Je vous renvoie aux commentaires de ce post où un internaute m'a apporté de précisieuses informations vis à vis de cet événement.

J'ai pu retrouver le témoignage de cette interprète sur le site des rapports annuels de RSF. Le voici.

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Témoignage

« Je ne veux plus vous mentir »

Natalia Dmytruk, interprète pour malentendants de la chaîne publique ukrainienne UT-1, a dénoncé en direct, en langage des signes, le 25 novembre 2004, la falsification des résultats de la Commission électorale centrale qui annonçait que le nouveau président était Victor Ianoukovitch.

Etait-ce une décision spontanée ?
Non, ce fut une décision très réfléchie, longuement mûrie. Car l’enjeu était tout simplement énorme. Je savais que je prenais le risque d’être licenciée immédiatement. Mais c’était plus fort que moi, les malentendants n’ont accès qu’à ce bulletin d’information d’UT-1, ils n’ont pas d’autre source d’informations. J’avais besoin de leur dire que j’étais désolée d’être ainsi obligée de mentir en traduisant des résultats qui n’étaient qu’une mystification et qui annonçaient officiellement que Viktor Ianoukovitch était notre nouveau président. Alors je leur ai dit, en langage des signes : « Les résultats de la Commission sont falsifiés. N’y croyez pas. Notre nouveau président est Iouchtchenko. Je ne veux plus vous mentir et c’est probablement mon dernier jour à ce poste. » Je pensais sincèrement qu’on ne me pardonnerait pas mon audace. Mais à ma grande surprise, personne ne m’a critiquée à la sortie du journal télévisé. Mes collègues journalistes, qui n’étaient pas au courant de ce que j’avais décidé, étaient surtout stupéfaits. Ils ont décidé de se réunir dans la salle de rédaction afin d’en discuter et ils m’ont totalement approuvée. Ils ont ensuite demandé à la direction davantage de liberté éditoriale. Et je n’ai pas été licenciée.

Le lendemain de votre intervention, le présentateur du journal télévisé d’UT-1 a lui-même déclaré : « Nous ne vous mentirons plus jamais. » Vous attendiez-vous à une telle révolution médiatique ?
Nous avons vécu quelque chose de formidable, de l’ordre d’une véritable renaissance personnelle et professionnelle, après des années d’étouffement. Non, à vrai dire, je ne m’attendais pas à une réaction d’une telle ampleur.

Pensez-vous qu’il n’y aura plus de censure sous le président Viktor Iouchtchenko ?
Oui, je suis très optimiste. La liberté de la presse va mettre évidemment du temps à s’installer. Il faudra faire les choses par étapes. Mais aujourd’hui, je suis confiante et j’admire notre nouveau Président. Un retour en arrière me paraît impossible, désormais.

Décembre 2004



3 commentaires:

Unknown a dit…

"Quand l'argent ou le pouvoir parle, hélas la vérité se tait"
je sais plus où je l'ai choppée lol

Une autre trés bien:
" la presse est un élément jadis ignoré, une force jadis inconnue (...). Plus vous prétendez la comprimer, plus l'explosion sera violente. il faut donc vous résoudre à vivre avec elle"
Chateaubriand, 'Mémoires d'outre-tombe' - 1848

Anonyme a dit…

bonjour,

En fait, il ne s'agit pas d'une pub. C'est un épisode de la vie politique ukrainienne qui s'est vraiment déroulé.

La femme dans le médaillon n'est pas une journaliste, mais une interprète professionnelle,
En effet, le 25 novembre 2004, à 11 heures, une présentatrice de la chaîne publique ukrainienne annonce que Victor Ianoukovitch a définitivement remporté les élections. À droite de l’écran, Natalia Dmytruk. Elle traduit aux sourds les paroles prononcées en langue des signes. Ce jour-là, après avoir noué un tissu orange à son poignet, l’interprète se rebelle. "Je m’adresse à tous les sourds d’Ukraine, disent ses gestes. Notre président est Victor Iouchtchenko. N’écoutez pas les résultats. On vous ment !"
Ce n'est pas du tout une fiction, mais la réalité. Certes, il met en question la neutralité de l'interprète, mais aussi le droit à la vérité...

Anonyme a dit…

Bonjour !

Je vous remercie pour cette précision. Ne croyez donc pas tout ce que je dis dans mon blog... Je me suis effectivement posée la question de savoir s'il s'agissait d'une fiction ou de la réalité. Mais n'ayant aucune information relative à ce sujet, j'en avais conclu, donc un peu trop rapidement, qu'il s'agissait d'une fiction. Merci donc encore pour vos remarques qui ne reforcent que d'autant plus l'impact de cette vidéo.