J'aimerais savoir quelle est pour vous la plus grande difficulté pour retranscrire une information et les pièges à éviter ?
Retranscrire une information, telle est la vraie vocation du journaliste. Pour cela il a a disposition des outils.
Les pièges à éviter :
> Partir avec des a priori
Il est vrai que les rédacteurs chefs ont parfois une idée déjà préconçues du reportage qu’ils veulent. Quand les reporters sont envoyés sur le terrain, ils partent indéniablement avec une certaine idée de ce qu’ils vont voir. Mais le rôle du journaliste est d’aller au-delà de ses propres conceptions.
> Ne pas plaquer sa propre conception
Le journaliste n’est pas neutre, cela est impossible. Mais il transmet l’information de la façon la plus honnête possible. Pour cela, il doit se délester de ce qu’il est mettre de côté ses éventuelles réticences vis-à-vis de personnes ou d’actes et se dégager le « prisme » de ses connaissances et de ses opinions.
> Contraintes naturelles
Le temps
Le manque de temps est la principale contrainte du journaliste. S’il doit diffuser à une heure fixe, il faut qu’il réussisse à se documenter et à créer son reportage dans le temps qu’il lui est imparti. Aussi, si le journaliste n’a que très peu de connaissance quant au sujet qu’il doit rédiger, cela peut se révéler comme une véritable course contre la montre.
Le manque de moyen
Lié au manque de temps, cela peut jouer dans la réalisation d’un sujet. Si un reporter d’investigation a besoin de partir dans une région éloignée, cela peut s’avérer comme une difficulté supplémentaire car cela nécessiterait des moyens et du temps qu’il n’a pas.
> Transparence
Le plus gros des pièges à éviter est de ne pas communiquer une information mal maîtrisée. Cela ne ferait que rajouter de l’ambiguïté à l’information. Le journaliste ne doit pas donner une information coûte que coûte. Il n’est pas spécialiste, aussi il doit faire preuve de discernement, et poser toutes les questions afin de tout comprendre afin de maîtriser le contenu de son article.
Si vous aviez des conseils à donner pour réaliser un reportage, quels seraient-ils ?
> Disponibilité et écoute
Le journaliste doit avoir une réelle capacité d’écoute. Pour cela JM Pitte préconise de ne pas arriver avec des fiches et des questions toutes faites, tous au plus des grands thèmes. Il faut être en mesure d’écouter ce que nous dit l’interlocuteur, « savoir écouter ».
> Vouvoyez les personnes
Il est important de placer toutes les personnes interviewée sur un pied d’égalité. Le vouvoiement ne crée aucune hiérarchie entre les interlocuteurs, ce qui est primordial. Le journaliste doit avoir ce respect de base, quel que soient les sentiments envers la personne ou les actes.
Que pensez-vous de l'importance des agences de presse ? S'agit-il de grands organes de diffusion d'information ou bien d'un point d'accroche indispensable et nécessaire pour mieux rebondir sur les différents sujets ?
Le rôle des agences de presse est primordial. C’est un passage obligé car elles possèdent un large réseau qui permet de faire remonter l’information qui ne remonterait pas d’elle-même. Cependant, les journalistes doivent aussi développer à leur égard un esprit critique. Le danger extrême serait de tomber dans une confiance absolue et totale dans l’agence de presse. C’est pourquoi les journalistes mènent une enquête, croisent les informations afin de vérifier les informations. Les agences de presse sont donc vitales, mais elles ont leurs limites.
Et enfin, pensez-vous que les médias soient que de simples tuyaux ?
Ce sont de tuyaux dans lesquels la matière peut différée. Sur Internet, les règles sont tout autant respectées. Les sites comme Rue89 proposent par contre une nouvelle approche car ils sont libérés des contraintes des médias traditionnels. Un autre exemple, celui de YouTube revendique le rôle de simples intermédiaires de contenu.
Voilà pour mes questions… Nous avons par ailleurs rediscuté du schéma que je lui avais envoyé. Il m’a très justement rappelé que ce que je voulais faire c’était un mode d’emploi de l’information. Du coup, il est ambigu de mélanger à la fois informations fonctionnelles, explicatives et une analyse critique. Ce schéma doit donc avoir deux niveaux de lecture : un premier explicatif, un second critique qui peut prendre et qui doit prendre une forme différente du schéma : textes courts, interviews, ateliers, etc.
Cette remarque me semble vraiment très juste. Finalement mon schéma était complexe car j’ai mélangé trop de types d’informations. En séparant ces deux niveaux de lecture, cela peut faciliter la bonne compréhension de mon sujet. Il est important, avant d’apporter une critique à l’outil, de saisir en quoi l’outil est nécessaire. Voilà donc une conversation très enrichissante, qui me relance sur une piste qui me semble beaucoup plus claire et justifiée.